Il est courant d’entendre des personnes, souvent militante, vouloir défendre la liberté d’expression ou approuver la notion de terrorisme. Mais au fait, qui détermine la signification de ces termes ? L’Etat tout simplement. Pendant que des milliers de personnes défilaient à la suite des attentats à Charlie Hebdo en janvier dernier« pour la liberté d’expression » (en l’occurrence celle de déclarer son amour à la patrie, à ses gouvernants et ses flics), d’autres ont été condamnées à des peines de prison ferme pour « apologie et provocation de terrorisme » (entrée en vigueur par l’adoption d’une nouvelle loi « antiterroriste » en septembre 2014, punissant de 3 ans de taule et 45.000 euros d’amende pour des propos non-publiques et jusqu’à 7 ans de prison et 100.000 euros d’amende pour des propos tenus sur internet). Rappelons qu’il n’existe aucune liberté pour l’individu, mise à part certainement celle de consommer.
L’Etat poursuit son offensive liberticide à travers l’instauration de divers lois comme celle récemment adoptée sur le renseignement. Nous tenons à dire que nous sommes contre toutes les lois, qui sont faites pour surveiller, contrôler, réprimer et enfermer, préventivement ou non.
L’instauration juridique de « l’entreprise terroriste individuelle » lui ouvre les portes à une répression sans limite (jusqu’à 10 ans de prison et 150.000 euros d’amende) avec la fin de la fameuse « association de malfaiteurs » qui constituait auparavant une entrave aux enquêtes pour la justice d’Etat.
La surveillance de sites internet qui seraient susceptibles d’ébranler la sûreté de l’Etat et par la même occasion « la paix publique » (comprendre la paix sociale) est également une des modifications phares de la juridiction française. A tout moment, l’Etat pourra décider de la fermeture administrative de certains sites, d’envoyer en taule des pirates informatiques « en bande organisée » (exemple des Anonymous) s’attaquant aux sites web de l’Etat et des entreprises, qui risqueront des peines allant jusqu’à 10 ans de prison et un million d’euros d’amende.
Avec sa loi sur le renseignement, l’Etat déploie des moyens considérables en généralisant les écoutes téléphoniques, les balises GPS sur portables et ordinateurs, caméras et micros dans les domiciles et véhicules… La particularité de cette loi réside dans le fait que le champ de répression est principalement administratif, soit hors de toute procédure judiciaire. Placer sur écoute l’ensemble de « l’entourage » d’un suspect rentrera dans le cadre d’une simple formalité. L’Etat renforce son arsenal contre l’ennemi intérieur, celles et ceux qui s’en prennent à ces « intérêts économiques, industriels et scientifiques majeurs ». Et il s’agit surtout pour lui de prévenir les atteintes à la forme républicaine des institutions, les violences collectives de nature à porter atteinte à la sécurité nationale ». de prévenir de « la criminalité et de la délinquance organisées »…
De plus, un fichier spécialement conçu pour toute personne ayant été condamnée pour « terrorisme »va voir le jour: le « Fichier judiciaire national automatisé des auteurs d’infractions terroristes », dans lequel seront inscrites toutes les condamnations, même non définitives (appel ou pourvoi en cassation) les décisions d’irresponsabilité pénale pour trouble mental, et, pour les mineurs, les décisions prononcées en application de l’ordonnance de 1945. L’inscription ne sera pas automatique et se fera sur décision judiciaire. D’ailleurs, les personnes mises en examen pourront être dès à présent inscrites dans ce nouveau fichier sur décision du juge d’instruction. Toutes les informations pourront être conservées pendant 20 ans, 10 ans pour les mineurs mais si la condamnation entraînant l’inscription au fichier comprend une incarcération, les délais ne commenceraient à courir qu’à partir de la libération. Les personnes inscrites dans ce fichier (le Fijait) se verraient contraintes de déclarer tout changement d’adresse, déclarer tout déplacement à l’étranger au plus tard 15 jours avant la date du voyage. Ces obligations s’appliqueraient pendant 10 ans (5 ans pour les mineurs). Si toutes ces obligations ne sont pas respectées, la personne encourera une peine passible de deux ans de prison et 30,000 euros d’amende . Bref, avec cet énième loi, nous sommes tou-te-s potentiellement des terroristes. Nos gestes, nos fréquentations, nos désirs de liberté (cf page 8) sont et seront toujours susceptibles d’attirer les yeux du pouvoir et d’être la proie de sa machine judiciaire.
Ces nouvelles lois viennent compléter et renforcer les nombreux moyens coercitifs de l’Etat ; caméras de surveillance, puçage électronique dans les transports, ‘voisins vigilants’, etc… La seule réponse à apporter est de continuer à lutter et à amplifier les résistances et actions directes contre les entreprises et l’Etat qui dévastent l’environnement en menant ces divers projets urbanistes, industriels, à attaquer ces multiples bâtiments dans lesquels il nous domestique et nous enferme, ces frontières pour lesquelles ils détruisent des milliers de vies, ces divers outils de contrôle et de surveillance… Continuons à attiser les feux de la révolte, jusqu’à ce qu’on en finisse avec ce monde de fric et de flics !
Car vivre, c’est se révolter !
Pour un monde débarassé de l’exploitation et de toute autorité !