Début janvier 2016 ont débuté les travaux pour la mise en place de la nouvelle ligne n°3 de transports en commun de ‘Besançon Mobilités’ (filiale de la société TRANSDEV), qui reliera la gare TGV Viotte au technopôle micro-technique et scientifique ‘Temis’, en passant par le campus universitaire de « La Bouloie ». Si son nom « Transports Communs en Site Propre » peut donner un côté attrayant au plus grand nombre avec son appellation écolo et son argument fallacieux de réduction d’émission de CO2, il s’agit pourtant d’huiler et d’améliorer les flux de bétail à patrons et à chercheurs, en construisant de nouvelles infrastructures de voiries pour les véhicules sur plus de 4 km, dont deux spécialement pour les bus. Seront également desservis stades, gymnases et autres infrastructures sportives. Ce projet est censé réduire le temps de parcours de 4 à 7 minutes par rapport au trajet actuel en heure de pointe. L’objectif premier est d’optimiser le temps de trajet entre ces deux secteurs économiquement utiles pour le capitalisme et l’État. Pour ces vautours en cravate, « le temps c’est de l’argent ». Le CO2 passe bien sûr au second plan. Cet énième chantier n’est ni plus ni moins que la suite logique de la mise en place du tramway à la rentrée 2014. Pour la mairie et plus globalement l’État, il s’agit de généraliser les transports présentés comme « doux » (et donc plus rapides, plus « silencieux » et plus écologiques). Ces « arguments » sont autant de prétextes pour embourgeoiser les quartiers desservis par ces nouveaux moyens de transport. Certes, le paysage urbain de la ville a déjà été profondément modifié par l’arrivée du tramway [cf ‘Séditions’ n°1]. Mais il est clair que la domination ne compte pas s’arrêter là…
Initiés par la Ville de Besançon et le Grand Besançon, les travaux dureront jusqu’en mars 2017.
Petit état des lieux des projets urbanistes en cours :
Aux abords de cet énième chantier, La caserne ‘Vauban’ est vouée à devenir un éco-quartier : également desservi par cette nouvelle ligne, ce village dans la ville, qui gardera son urbanisme de caserne, regroupera logements de luxe et sociaux, bureaux d’entreprises, ateliers d’artistes au service de la mairie, banques et commerces… Le but recherché est de mêler riches et pauvres au sein d’un quartier équipé de nombreux espaces sur-fliqués, de marginaliser les plus défavorisés entre eux, de briser les solidarités qu’ils nouent et de pacifier davantage les rapports sociaux. (Cf : exemple du quartier des « 408 » dans l’encart ci-contre)
Au-dessus de la gare, divers grands projets urbanistes, économiques et commerciaux verront le jour ces prochaines années : comme celui de la « Zone des Portes de Vesoul », dans laquelle s’étendront d’ouest en est autour de la rue de Vesoul bureaux d’entreprises, concessionnaires automobiles et nouveaux logements. Ce tout récent projet est la suite logique de la rénovation de la gare « Viotte », qui a été transformée à la suite des travaux du tramway. Dans les environs de la gare, un ensemble de nouveaux immeubles de logements et de bureaux d’entreprises est d’ores et déjà annoncé ; La zone de la gare est vendue comme « pôle multi-modal », argument rentable pour les rapaces de l’immobilier et du bâtiment, car elle rassemble tous les moyens de transports existants (trains TER et TGV, cars, bus, tramway et « vélocité »). Ce chantier, qui n’a pas encore commencé, permettra de chasser définitivement les pauvres par la flambée des prix des loyers et la construction de nouveaux ensembles d’habitats haut-standing. Rénovation urbaine et reconfiguration du parc des Glacis – par la destruction du souterrain, installation de caméras, spots d’éclairage et agencements des arbres de façon à rendre l’espace entièrement surveillé – avaient certes déjà fait une grosse partie du travail.
Il est nécessaire de rappeler que la volonté du pouvoir de nous imposer son tramway ne s’est pas déroulée sans embûches : durant les nombreux mois de chantier, un bon nombre de véhicules de diverses filiales (ETF, Eurovia) de l’entreprise de BTP ‘VINCI’ (constructeur chevronné de prisons, de centres de rétention et de tout un tas d’infrastructures utiles au capitalisme, comme le projet d’aéroport à Notre-Dame des Landes) ont été mis hors-service : tractopelles, engins et cabanes de chantier, camionnettes et utilitaires ont eu leurs vitres pétées, leurs pneus crevés, leurs réservoirs pourris avec du sucre ou autres substances, ou sont tout simplement partis en fumée.
Le seul monde que l’Etat et les riches nous dessinent est celui d’une prison à ciel ouvert, avec son panel d’uniformes et de caméras. Fort heureusement, il y a toujours des petits fouineurs et des mains habiles pour mettre au grand jour les personnes et entreprises qui sont derrière ces divers projets et saper leurs besognes. Voici donc une petite liste des sociétés qui œuvrent pour cette ville de riches et de contrôle, dont véhicules, agences et infrastructures sont à la portée de tous, en tout lieu et à tout moment et nécessitent très peu de moyens matériels mais pas mal d’imagination pour tout acte de sabotage :
- SOBECA : travaille sur la rénovation du réseau d’électricité au centre-ville, afin d’y installer de la fibre optique, et donc accélérer les transmissions de données et de communications… Bref, les travaux menés au centre-ville serviront à améliorer et à augmenter le nombre de nouvelles caméras de surveillance.
- CEGELEC : filiale de Vinci, chargée entre autre d’entretenir le réseau des caméras de surveillance de la ville.
- De Giorgi : constructeur d’îlots de logements de luxe et « sociaux » (en partie pour le compte de GBH ; il a des chantiers aux ‘Chaprais’, aux ‘Tilleroyes’, à ‘Temis’ (où il érige un immeuble de 117 logements en collaboration avec ‘SMCI’), à ‘Planoise’.
- SMCI : l’éditeur immobilier SMCI / ‘Pierre et Vie’ [cf Séditions n°1] est à l’origine de plusieurs constructions de logements pour bourgeois et de locaux commerciaux aux quatre coins de la ville (mais aussi dans la zone transfrontalière dans le Haut-Doubs, à Dijon et à Lyon). Il vient d’acquérir à mi-janvier les bâtiments de l’ancien Conservatoire de musique national de région, situé place de la révolution à Besançon, pour la modique somme d’1,8 millions d’euros. Cet énorme bâtiment de 1946 m2 sera reconverti en bureaux, appartements pour riches et un commerce du même acabit (brasserie ou restaurant) d’ici mi-2018. Pour rappel, le promoteur possède de grands bureaux au 12, rue Gambetta et une agence de locations/ventes immobilières au 25, rue Proudhon. On peut parler aussi de l’agence immobilière ‘Trilogie’, qui gère en partie la location/vente des appartements des ‘Passages Pasteur’ ; ‘SEGER‘ (2, rue Larmet à Besançon), spécialiste dans la gestion et la promotion de logements pour riches. Outre Besançon, elle embourgeoise les quartiers de Dijon, de Bagnolet (93), du Pré-Saint-Gervais (93)…
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GBH expulse les habitant-es et pacifie les quartiers
‘Grand Besançon Habitat’, responsable du logement dit « social » à Besançon, a ordonné courant 2014 l’expulsion de familles et de personnes dans le besoin des appartements laissés vides de nombreuses années dans les tours d’immeuble de la ‘Grette’ (comme quoi, le « social » a des limites). De plus, d’ici 2020, 137 familles et locataires seront dégagés de deux immeubles – des n°13 et 29 de l’avenue Brûlard – qui seront détruits. Il faut dire que les solidarités mises en pratique dans le quartier sont trop gênantes pour les autorités (sabotage de caméras, entrave aux arrestations et au travail des flics de manière général). L’objectif affiché est de reconstruire des logements plus prestigieux et de mener une politique de mixité sociale. C’est plus simple pour pacifier et mater les révoltes lorsque les pauvres sont dispersés. A terme, ce quartier, localisé à proximité du centre-ville et desservi par le tram, est voué à être absorbé par la boucle ; GBH impose des rénovations de ses immeubles à des prix exorbitants et expulse les pauvres qui y habitent, tout en reconstruisant des immeubles avec des logements de type « pavillons individuels » au loyer encore plus haut. Rappelons que les bureaux de la société sont situés à Planoise, à quelques mètres du parc Cassin.