« Vigipirate », « état d’urgence », « zones de danger », « ZSP », « opération Sentinelle », etc… Ce sont autant d’appellations pour signifier à chacun que tout est sous contrôle et sous surveillance. En l’occurrence, il s’agit d’optimiser la sécurisation des lieux dits « sensibles » où se concentrent la marchandise, les flux monétaires et de communication, où les États décident du sort de nos vies, où le capital continue à exploiter le plus grand nombre en toute sérénité, en imprégnant les corps et les esprits de chacun.
D’ailleurs, la révolte en Tunisie mi-janvier, déclenchée par la colère des chômeurs et qui s’est répandue à travers le pays, nous l’a rappelé : l’armée a rapidement été mobilisée en nombre pour protéger les supermarchés et autres multinationales qui s’enrichissent par la sueur des exploités, afin d’enrayer tout acte de destruction et de pillage. Lorsque certains s’arrogent le permis de vivre – que ce soient en surmontant les frontières, en refusant de crever de faim aux portes des temples de la consommation, en voyageant gratuitement par principe ou par nécessité, en réduisant en miettes les structures et rouages du capital et de l’État -, les gouvernants inondent les rues des villes de leurs uniformes. Leur but : montrer à ceux qui refusent le sinistre scénario de misère et de mort auquel ils nous destinent que leurs chiens de garde s’abattront sur eux au moindre pas de travers.
L’état d’urgence est une mesure d’exception qui n’a jamais été appliquée aussi longtemps sur l’ensemble du territoire national. Il avait été mis en place lors des révoltes urbaines de novembre 2005 mais cependant limité à certaines zones bien définies dans lesquelles le tumulte avait causé des dégâts aux institutions étatiques et au capital. Il était aussi entré en vigueur sur le territoire colonisé algérien lors de la guerre d’indépendance. Toutes les mesures « exceptionnelles » qui en font partie sont désormais en voie d’être inscrites dans la Constitution, donnant carte blanche à la police, aux préfets et aux procureurs : perquisitions rendues possibles à tout moment du jour et de la nuit, assignations à résidence, rétentions de 4 heures ou « mini garde-à-vue » pour toute personne (même mineure) présentée comme « suspecte » même si elle a ses papiers, augmentations des contrôles et fouilles dans les transports et dans la rue, lois anti-fraude qui permettent de poursuivre pénalement tout resquilleur au bout de 3 contraventions (et non plus 10, comme c’était le cas auparavant).
Qu’il soit d’urgence ou non, l’État est la structure de l’hégémonie économique, sociale, politique. Il est par essence oppression. Ces mesures, avec la pérennisation de « l’exception » et la déchéance de nationalité, sont la démonstration de son potentiel fascisant.
Alors quand le pouvoir se dote de moyens supplémentaires pour nous mener la guerre, assurer la paix des riches et des puissants en envahissant nos vies de leurs chiens de garde et de caméras pour scruter en permanence nos moindres faits et gestes, ériger de gigantesques prisons pour enfermer les indésirables, la seule possibilité qui s’offre à nous est la rébellion. Il s’agit dès maintenant d’en finir une fois pour toute avec cette chimère réformiste qui cherche à pacifier les relations sociales basées sur l’autorité et l’oppression.
Chaque révolte contre les responsables de la misère et de l’exploitation fait partie d’une volonté de se libérer des chaînes que la société tente de nous imposer. Il est primordial d’œuvrer dans ce sens qui, pour nous, a pour seul aboutissement la révolution sociale !
Assez de vivre à genoux !
Abattons l’État, ce monde capitaliste et leurs gardiens !