A l’assaut du vieux monde (Brèves n°2 / Mai 2015)

SMCI se mange de la peinture en pleine face

Jeudi 26 mars au matin, quiconque passait dans la rue Gambetta a pu voir que les bureaux de SMCI-Pierre&Vie avait reçu une visite assez particulière durant la nuit: de la peinture noire a recouvert une partie de la façade. Les vandales sont venus leur signifier que leur sale travail ne pouvait pas rester sans réponse. Le communiqué est visible en entier sur indymedia nantes en date du 27 février 2015.

Et la gentrification par l’art en prend aussi pour son grade….

Cette dernière semaine du mois de mars n’a pas été de tout repos pour Bien Urbain. L’assoce qui gentrifie à coups de pinceau les quartiers de Besançon depuis plus de 5 ans n’a pu que constater que le local dans lequel la mairie les héberge avait perdu une de leurs gigantesques baies vitrées. A force d’effacer les tags et de rendre cette ville « propre » pour bobos et touristes, on finit toujours par recevoir le retour de bâton ….

LE SEUL TERRORISTE C’EST L’ETAT !

Il est courant d’entendre des personnes, souvent militante, vouloir défendre la liberté d’expression ou approuver la notion de terrorisme. Mais au fait, qui détermine la signification de ces termes ? L’Etat tout simplement. Pendant que des milliers de personnes défilaient à la suite des attentats à Charlie Hebdo en janvier dernier« pour la liberté d’expression » (en l’occurrence celle de déclarer son amour à la patrie, à ses gouvernants et ses flics), d’autres ont été condamnées à des peines de prison ferme pour « apologie et provocation de terrorisme » (entrée en vigueur par l’adoption d’une nouvelle loi « antiterroriste » en septembre 2014, punissant de 3 ans de taule et 45.000 euros d’amende pour des propos non-publiques et jusqu’à 7 ans de prison et 100.000 euros d’amende pour des propos tenus sur internet). Rappelons qu’il n’existe aucune liberté pour l’individu, mise à part certainement celle de consommer.

L’Etat poursuit son offensive liberticide à travers l’instauration de divers lois comme celle récemment adoptée sur le renseignement. Nous tenons à dire que nous sommes contre toutes les lois, qui sont faites pour surveiller, contrôler, réprimer et enfermer, préventivement ou non.
L’instauration juridique de « l’entreprise terroriste individuelle » lui ouvre les portes à une répression sans limite (jusqu’à 10 ans de prison et 150.000 euros d’amende) avec la fin de la fameuse « association de malfaiteurs » qui constituait auparavant une entrave aux enquêtes pour la justice d’Etat.

La surveillance de sites internet qui seraient susceptibles d’ébranler la sûreté de l’Etat et par la même occasion « la paix publique » (comprendre la paix sociale) est également une des modifications phares de la juridiction française. A tout moment, l’Etat pourra décider de la fermeture administrative de certains sites, d’envoyer en taule des pirates informatiques « en bande organisée » (exemple des Anonymous) s’attaquant aux sites web de l’Etat et des entreprises, qui risqueront des peines allant jusqu’à 10 ans de prison et un million d’euros d’amende.

Avec sa loi sur le renseignement, l’Etat déploie des moyens considérables en généralisant les écoutes téléphoniques, les balises GPS sur portables et ordinateurs, caméras et micros dans les domiciles et véhicules… La particularité de cette loi réside dans le fait que le champ de répression est principalement administratif, soit hors de toute procédure judiciaire. Placer sur écoute l’ensemble de « l’entourage » d’un suspect rentrera dans le cadre d’une simple formalité. L’Etat renforce son arsenal contre l’ennemi intérieur, celles et ceux qui s’en prennent à ces « intérêts économiques, industriels et scientifiques majeurs ». Et il s’agit surtout pour lui de prévenir les atteintes à la forme républicaine des institutions, les violences collectives de nature à porter atteinte à la sécurité nationale ». de prévenir de « la criminalité et de la délinquance organisées »…

De plus, un fichier spécialement conçu pour toute personne ayant été condamnée pour « terrorisme »va voir le jour: le « Fichier judiciaire national automatisé des auteurs d’infractions terroristes », dans lequel seront inscrites toutes les condamnations, même non définitives (appel ou pourvoi en cassation) les décisions d’irresponsabilité pénale pour trouble mental, et, pour les mineurs, les décisions prononcées en application de l’ordonnance de 1945. L’inscription ne sera pas automatique et se fera sur décision judiciaire. D’ailleurs, les personnes mises en examen pourront être dès à présent inscrites dans ce nouveau fichier sur décision du juge d’instruction. Toutes les informations pourront être conservées pendant 20 ans, 10 ans pour les mineurs mais si la condamnation entraînant l’inscription au fichier comprend une incarcération, les délais ne commenceraient à courir qu’à partir de la libération. Les personnes inscrites dans ce fichier (le Fijait) se verraient contraintes de déclarer tout changement d’adresse, déclarer tout déplacement à l’étranger au plus tard 15 jours avant la date du voyage. Ces obligations s’appliqueraient pendant 10 ans (5 ans pour les mineurs). Si toutes ces obligations ne sont pas respectées, la personne encourera une peine passible de deux ans de prison et 30,000 euros d’amende . Bref, avec cet énième loi, nous sommes tou-te-s potentiellement des terroristes. Nos gestes, nos fréquentations, nos désirs de liberté (cf page 8) sont et seront toujours susceptibles d’attirer les yeux du pouvoir et d’être la proie de sa machine judiciaire.

Ces nouvelles lois viennent compléter et renforcer les nombreux moyens coercitifs de l’Etat ; caméras de surveillance, puçage électronique dans les transports, ‘voisins vigilants’, etc… La seule réponse à apporter est de continuer à lutter et à amplifier les résistances et actions directes contre les entreprises et l’Etat qui dévastent l’environnement en menant ces divers projets urbanistes, industriels, à attaquer ces multiples bâtiments dans lesquels il nous domestique et nous enferme, ces frontières pour lesquelles ils détruisent des milliers de vies, ces divers outils de contrôle et de surveillance… Continuons à attiser les feux de la révolte, jusqu’à ce qu’on en finisse avec ce monde de fric et de flics !

Car vivre, c’est se révolter !
Pour un monde débarassé de l’exploitation et de toute autorité !

Les « 408 » en guerre contre le pouvoir et ses outils de contrôle

Crevons-721x1024Comme partout, Besançon est une ville-prison sans cesse en aménagement. La surveillance se fait à la fois par la rénovation urbaine liée au tramway (élargissement, aplanissement et éclairage plus important de l’espace urbain) mais aussi avec le quadrillage de l’espace urbain par d’innombrables caméras (près de 1000 sur tout le réseau de transports GINKO, à l’intérieur des tram et des bus, ainsi qu’aux stations, aux abords des parkings RELAIS et le long du trajet de tram). Outre le fait de garantir la bonne circulation du tram-tram quotidien, tout cela a pour but de faciliter entre autre le travail des forces répressives.

Les “408”, un ensemble de barres HLM où se concentre la misère humaine, est actuellement le seul quartier à ne pas avoir été aménagé, où architectes et flics hésitent plus d’une fois à y foutre leurs sales pattes.

Face à cette révolte sporadique mais continue [1], la mairie a annoncé courant février que le quartier allait être rénové dans les années à venir : certains blocs seront démolis (l’un est programmé pour 2016; l’urbanisme sera repensé dans l’esprit pacificateur et de contrôle du pouvoir. Comme partout, ceci rentre dans la logique de la domination d’en finir avec ce nid de révolte et de solidarités concrètes qui s’y créés.

A maintes reprises, les attaques contre les yeux de l’Etat ont pris différentes formes: des tentatives de section et d’incendie des fils d’alimentation jusqu’à la section totale du mât (avec à la clé le vol de la caméra [2]) . Depuis peu, c’est l’alimentation électrique général du quartier qui est régulièrement sabotée, ce qui a l’avantage de non seulement couper l’alimentation des caméras mais également de plonger le quartier dans le noir, compli-quant davantage la sale besogne des agents de l’Etat.

Une petite chronologie succinte (car elle est uniquement basée sur les articles de la presse régionale qui comme toujours sélectionne et suit les ordres que le pouvoir lui impose) des actes de rébellion qui se sont succédés aux “408” en janvier, février, mars et avril 2015:

-Jeudi 8 janvier vers 22h, deux jeunes au visage masqué s’attellent à couper l’électricité du quartier. Surpris en flagrant délit par une patrouille de la BAC (alertée par une balance du secteur), les deux jeunes sont malheureusement interpellés.
-Bénéficiant de nombreux renforts, notamment d’un escadron de la gendarmerie mobile de Lure, les flics interviennent en masse dans le quartier entre mardi 13 au matin et après-midi du jeudi 15 janvier.

Depuis quelques temps, un bon nombre d’apparts des barres HLM de Grand Besançon Habitat sont inoccupés, ce qui n’a pas échappé aux jeunes du quartier qui les ont réquisitionnés pour y vivre, se retrouver et s’organiser, mais aussi pour entreposer du matos bien pratique à l’accueil des chiens en uniforme du pouvoir.

-La riposte ne tarde pas: mardi 13 janvier vers 20h00, le boîtier électrique est une nouvelle fois saboté dans le quartier de la Grette. 3 personnes en train de prendre la fuite sont repérés par une patrouille de flics, qui repart bredouille sous une pluie de cailloux…

-Jeudi 15 janvier vers 22h30, la vengeance continue de plus belle: rebelote pour le boîtier électrique du quartier, qui est de nouveau incendié. Les saboteurs ont pris le soin de placer des containers à poubelles en feu à travers les rues afin de retarder l’intervention des keufs et des pompiers.

-Durant la dernière semaine de janvier, on apprend que la circulation du tramway a été perturbée par l’incendie du transfo. Qu’à la même occasion, les feux de signalisation ont disfonctionné, ce qui a bien foutu le dawa dans les flux de la ville-prison.

Afin de rétablir la surveillance, la mairie a décidé début février de reconfigurer l’éclairage public en installant des spots d’éclairage directement sur les immeubles et branchés sur une autre voie d’alimentation que le boîtiter électrique maintes fois grillé.

– Pendant deux nuits successives (23 et 24 février), les mâts supportant les caméras au niveau du bâtiment 27 ont subi plusieurs assauts: le 23, le mât a entièrement été scié et la caméra a par la même occasion disparu. La nuit suivante, l’électricité du secteur a été coupée, mais le mât a cette fois-ci tenu bon avant l’arrivée des flics, qui sont arrivés dans l’obscurité totale sous une pluie de boules de pétanque. Les services de la ville ont le lendemain mis la caméra à l’abri [2].

CSUUne semaine plus tard (lundi 2 mars), les flics interviennent en masse après qu’un mât soit de nouveau attaqué à la disqueuse, Les bleus reçoivent tout un tas de projectiles depuis les hauteurs des immeubles. Une personne est interpellée.
Dans la soirée du 7 mars, le transfo est une fois de plus ravagé par les flammes. Une quarantaine de CRS viennent épauler les pompiers dans leur intervention et se fait copieusement caillassée.

Dans la nuit du dimanche 5 au lundi 6 avril 2015, une ou plusieurs personnes s’en prennent à trois reprises au coffret de dérivation qui alimente en électricité les quartiers des 408 et de Velotte. A la suite de l’incendie, l’électricité a été coupée le reste de la nuit, rendant inactives les caméras de surveillance du secteur.

Notes:

[1] Mi-juin 2014 ont débuté les attaques contre les caméras. Celles-ci à la suite des émeutes au début du mois: une des cinq caméras nouvellement installées avait permis aux flics d’identifier 6 personnes ayant participé à la révolte contre la police lors d’une interpellation d’un jeune du quartier : deux mois avec sursis pour les deux femmes d’une quarantaine d’années et 8 mois ferme pour les quatre autres. Un des quatre, G. – accusé d’avoir incité à l’émeute en criant “aidez-moi, aidez-moi, empêchez ces chiens de m’embarquer” – a été jugé le 15 janvier et condamné à 8 mois de prison ferme avec en plus son placement sous surveillance électronique (port d’un bracelet au mollet). Il devra aussi verser 600 euros aux trois flics (200 euros chacun).

A la suite de la première attaque de caméra, les flics ont identifié et arrêté une personne qui a été condamnée à 7 mois de prison dont 4 avec sursis et mise à l’épreuve avec mandat de dépôt. La mairie lui a en outre réclamé une somme à hauteur de 4.645€ pour les dégâts.

Fin septembre, plusieurs caméras ont été prises pour cibles, tout comme les flics et pompiers venus rétablir l’ordre dans la foulée.

[2] D’après plusieurs études, le coût d’une caméra installée oscille entre 15 et 20.000 euros, alors que seule elle coûte environ 1500 euros.

En Bref (n°2)

Les flics municipaux bientôt armés d’un « nouveau jouet »..(?)

nouvelamiLe maire va prochainement accorder le permis de flinguer à la police municipale. Les syndicats de flics ont profité du contexte « d’unité nationale » à la suite des attentats à ‘Charlie hebdo’ pour faire pression sur le maire et ainsi bénéficier d’un « nouveau jouet » (selon la campagne publicitaire de la mairie de Béziers dirigée par le FN). Pouvoir buter un fraudeur des transports, tirer sur un tagueur ou sur un voleur de bouffe, voilà une mesure qui attisera encore plus la haine contre ces laquais de l’Etat, toujours là à nous pourrir la vie… Sûr que la réponse à leur violence quotidienne qu’elle exerce s’aura s’adapter à cet armement supplémentaire.

Besancon.sous-surveillance.net

Chacun.e d’entre nous qui se balade ou s’arrête dans cette ville-prison est surveillé.e. Ses caméras sont partout, des bornes d’entrée dans le centre-ville pour les bagnoles aux commerces, des caméras de la mairie (qui seront encore plus nombreuses à l’avenir) à celles parcourant le tram (ainsi que celles à l’intérieur)… Contre cela, il existe ce site collaboratif pour repérer les yeux de la domination (et d’agir contre). Se masquer le visage, c’est avant tout éviter de se retrouver un jour entre les sales pattes des flics. Ou de les aider au cas où tu te retrouves dans une « affaire »… Et n’oublie pas que les flics se servent des captures d’images pour te foutre la pression (eux sont habitués à faire du zèle).

‘Bien Urbain’ ou l’art de la gentrification

Ca fait cinq ans déjà que le projet ‘Bien Urbain’ continue à aseptiser les quartiers de la ville !

Cinq ans déjà que l’association ‘Juste ici’* vient en aide aux promoteurs immobiliers, aux constructeurs de lofts à bourgeois pour nettoyer les rues de tout expression qui sort du cadre légal, autrement dit du contrôle de la mairie et de l’Etat** qui régissent nos vies.

Mais…

Cinq ans qu’on lâche pas l’affaire, qu’on continue à pourrir leurs murs blancs de la citoyenneté, ceux des propriétaires et commerçants qui font tout pour nous chasser des rues en étalant leurs produits de merdes sur les places et lieux encore squattables !

Cinq ans que ces toutous de la mairie n’ont toujours pas compris que notre détermination est plus forte que leurs subventions !

Cinq ans ont passé et leurs fresques continuent à se faire recouvrir, non pas par des « artistes », mais par des vandales de toutes sortes ! Et les premiers coups de bombe sur leurs oeuvres  pour touristes et bobos sont souvent synonymes de point de départ de dégradations sans limites !

Alors…

A vos bombes et marqueurs ! Bien Urbain est le meilleur des supports !

*La nouvelle édition reprend en juin prochain. L’assoce tient un bar au 11, rue Battant… Pour celles et ceux qui souhaiteraient passer leur faire un petit coucou…
**L’un des créateurs de ‘Bien Urbain’, David Demougeot, s’est vanté dans la presse régionale d’avoir collaboré avec l’Etat en décorant l’ensemble de la vitrine du bâtiment du ministère de la Culture et de la Communication à Paris en avril dernier, dans le cadre de l’exposition-intervention ‘Oxymore’.

Quand « prévention » rime avec gentrification

Depuis quelques temps on entend parler, dans les médias locaux, du plan de « prévention et de lutte contre l’alcoolisation massive des jeunes dans l’espace public», mis en place par la ville de Besançon, en partenariat avec la préfecture et l’ARS (agence régionale de santé).
Cette campagne de prévention se traduit par des affiches dans les arrêts de bus, la création du site www.fete-a-besac.fr, l’organisation de soirées gratuites sans alcool, la présence d’associations de prévention et de médiation au centre ville, etc…

On nous sert une com’ qui se dit non moralisatrice, appelle à une consommation responsable, modérée, avec pour slogan : « La fête à Besac : – d’alcool c’est + cool ! »

En parallèle une charte de la vie nocturne (facile à trouver sur le net) a été mise en place cette année pour « contribuer au développement raisonné de l’animation du centre-ville la nuit par différentes actions ». Quand on lit en détail cette charte, on se rend bien compte que ce qui importe vraiment, c’est le dernier axe : « Le respect de la tranquillité des riverains et des commerçants. »

Un problème de santé publique mais surtout de tranquillité publique ! Les épiceries doivent arrêter de vendre de l’alcool à partir de 22h, sous peine d’amende et de menace de fermeture par arrêt préfectoral.

Les cafetier.es n’ont pas vraiment le choix s’ils veulent pouvoir ouvrir au maximum (jusqu’à 2h30), ils sont obligés de demander leur adhésion à la charte ; en contre-partie ils doivent mener des actions de sensibilisation auprès de leurs clients (une action de prévention par an minimum), et garantir l’ordre public autour de leur établissement. On peut lire que « Les exploitants sont encouragés à utiliser tout autre moyen légal à leur disposition pour assurer la tranquillité publique : installation de caméras, mise en place d’un sas d’entrée ou encore recrutement de personnel ». On voit bien que la majorité des proposition s’inscrivent dans une perspective hautement sécuritaire !

Une commission définit les critères d’adhésion et d’admission à la charte de la vie nocturne. En 2014, plusieurs rades se sont fait refoulés car ils avaient eu une interdiction préfectorale l’année d’avant. C’est le cas rue Bersot, où les riverains avaient installé une banderole « Droit au sommeil » (comme d’hab’ le citoyen lambda se rebelle uniquement quand on touche à sa petite personne). Ces bars devront bientôt installer une cordelette pour délimiter leur terrasse, et bien parquer les clients-agitateurs.
L’exclusion de la charte montre la démarche de la carotte et du bâton : fait moins bruit devant ton bar et tu ouvriras plus tard, agenouille toi et on t’offrira des miettes !

D’autres villes (Toulouse, Strasbourg, Nantes, ..) ont mis en place des dispositifs similaires pour lutter contre l’alcoolisation massive des jeunes et les nuisances associées : bruit, rassemblement de personnes, occupation de l’espace public. L’exemple de Rennes, avec le projet Noz’ambule lancé en 2008, est très parlant puisqu’il a inspiré de nombreuses villes, avec pour slogan « Trinquons sans saouler les autres ». 40 dates d’interventions sont mises en place chaque année pour que les acteurs sociaux et de prévention investissent le centre-ville : comme à Besac’, les pairs étudiants sont là jusqu’à 00h, et après les assoc’ de réduction des risques prennent le relais jusqu’à 2h du mat’. A partir de 2h, les CRS finissent le boulot, en vidant la rue de la soif locale, à coups de matraques et de lacrymo.

On voit bien que la prévention n’est pas la finalité ; elle sert de prétexte à un projet plus larvé d’aseptisation urbaine, qui prend une place de plus en plus importante et insupportable. Petit à petit, Besançon perd son âme pour devenir une ville proprette, lisse, investie par les bourgeois, une ville qui accueille ses touristes en toute sécurité.

En 2008, le grand projet d’urbanisme a commencé avec la démolition des gradins place Pasteur (fini la zone dans la rue passante!). En 2011, la Rodia a été inaugurée à l’autre bout de la ville, pendant que les petits cafés-concerts des rue animées, se prenaient des obligations de fermeture (Le Bodega, Le Maquis,..) et dépérissaient. En 2012, Eiffage-Immobilier signait un contrat avec la Ville pour le projet de construction des « Passages Pasteur » qui a pour but de construire une galerie commerçante et des logements bourgeois en plein centre-ville. La rénovation de la rue Claude Pouillet s’inscrit dans ce projet, on se doute bien que les acheteurs viennent visiter la journée, la ville doit donc cadrer davantage ce lieu festif pour satisfaire ces futurs riches habitants.

De 2013 à 2014, l’installation de caméras par la Ville, la création d’un centre de surveillance et la construction du tramway, viennent s’ajouter à toute cette vague de gentrification. En 2015, on nous annonce le recrutement de 26 flics municipaux et la disparition des correspondants de nuit, pendant qu’une pincée de prévention s’ajoute à toute cette merde.
Toujours le même processus : éloigner la fête du centre-ville, laisser les citoyens pantoufles tranquilles, limiter le nombre de plaintes, penser aux électeurs, quoi !
Consommez dans des lieux dédiés, dans le cadre imparti, ne débordez pas ! Pas de vomi le jeudi soir!

A Besançon comme ailleurs, les lieux festifs informels tendent à disparaître !
La sécurité et la tranquillité publique sont à l’honneur !
A Besançon comme ailleurs, réapproprions nous la rue !

Besançon: une ville sous occupation policière et militaire

Des compagnies de CRS sont régulièrement appelées par la municipalité PS pour venir renforcer les patrouilles de flics déjà bien nombreuses : notamment à l’approche des fêtes commerciales de fin d’année; en période de braquages pour sécuriser les commerces; lorsque le pouvoir doit mater une révolte mais aussi quand un fait divers est mis sur le devant de la scène médiatique locale, à l’approche des vacances ou lorsque les élections approchent… tous les moyens sont bons pour “justifier” le maintien de la population sous contrôle.

Le maire Jean-Louis Fousseret a annoncé mi-janvier 2015 l’embauche de 26 policiers municipaux d’ici 2017: à l’heure actuelle, la police municipale compte 64 agents dont 52 gardiens et gradés, 9 agents ASVP ou agents de surveillance de la voie publique et 3 opérateurs de vidéosurveillance.
Six policiers municipaux et quatre ASVP seront recrutés en 2015, les seize autres le seront au fil du mandat en cours. Neuf flics (au lieu des trois actuels) surveilleront bientôt le CSU (voir ci-dessous) afin que celui-ci soit “en pleine application 7 jours sur 7”, des patrouilles de flics circuleront dans les bus et les trams. Elles “seront beaucoup plus sensibilisées à la question de la sécurité des commerces et entreprises. Les secteurs d’intervention des policiers en VTT seront étendus à l’ensemble de la Boucle et de Battant.”

Depuis les attentats de Paris en janvier dernier, l’Etat a déployé plus de 10.000 militaires partout sur le territoire. Ils patrouillent toujours à proximité des lieux de culte, dans les gares, devant les bâtiments publics et quartiers d’affaires…

L’arsenal répressif de l’Etat s’agrandit et celui-ci se dote de moyens toujours plus importants: les mesures « anti-terroristes » ont permis à l’Etat de quadriller le territoire d’uniformes en tout genre. L’Etat mène une guerre à l’intérieur de ses frontières, contre quiconque ne se résignant pas à accepter ce monde se retrouve dans le viseur de l’Etat et de ses sbires.

Raquer pour se déplacer dans cette ville-prison ? Y’a pas moyen !!

[Cette affiche est apparue dans les rues de Besançon début février 2015 alors qu’une pétition lancée par des comités de citoyens circule depuis plusieurs semaines contre cette nouvelle hausse de prix et la dégradation générale des services des transports (péri)urbains depuis l’arrivée du tramway. Il ne sera pas question ici de faire pression pour un « service de meilleure qualité » ou « la gratuité des transports » sur ceux qui administrent nos vies, car ce serait s’en remettre à la délégation et au pouvoir. D’autant plus que derrière la mise en circulation du tramway en septembre dernier, ce même pouvoir transforme petit à petit cette ville en prison à ciel ouvert et en centre d’attraction pour riches et touristes. Optons plutôt pour l’auto-organisation et l’action directe contre tous les promoteurs de ces projets nauséabonds.]

Raquer pour se déplacer dans cette ville-prison ?
Y’a pas moyen !!

Au 1er janvier 2015, les tarifs des lignes urbaines de transport GINKO, exploitées par Besançon Mobilités (filiale de TRANSDEV) ont augmenté de 10%, faisant passer le ticket «1 aller» de 1,30 à 1,40 euros.

Parallèlement à cette énième hausse, l’entreprise a lancé une campagne contre la fraude, multipliant affichages et annonces sonores aux stations et à l’intérieur des trams. Pour les bus, la direction peut compter sur ses chauffeurs qui obéissent aux doigts et à l’oeil à ses ordres, soit en empêchant l’accès, soit en appelant directement les contrôleurs. Bientôt, les policiers municipaux viendront s’ajouter aux contrôleurs, en patrouillant dans les bus et les trams.

Pourquoi refuser de payer ?

Parce qu’on n’a pas à payer pour se déplacer !

Parce que subvenir à nos besoins vitaux (manger, se loger, s’habiller…) nous coûtent déjà bien assez cher !

Parce que Besançon Mobilités peut retracer dans le détail nos déplacements, étant donné qu’une puce est désormais placée à l’intérieur des cartes d’abonnement nominatives !

Parce que la mise en circulation du tramway a permis au pouvoir de bâtir petit à petit une ville-prison, mais également de chasser les pauvres du centre-ville. La restructuration urbaine qu’a « nécessité » le chantier du tram a d’une part permis de faciliter le travail aux agents de la répression : intensification de l’éclairage de l’espace urbain; destruction des zones franches, surveillance accrue du fait de l’omniprésence des caméras aux abords du tracé… D’autre part, cela a été un bon prétexte pour embourgeoiser le centre-ville, notamment du fait de l’augmentation des loyers situés à proximité, de l’expulsion des populations indésirables à ce monde de fric par le biais de l’installation de mobilier urbain anti-squat et de la prolifération de magasins et restos chics, ainsi que des logements haute-gamme en construction: pour exemple, rien que sur l’avenue fontaine argent – qui est entièrement désservie par le tram – sont prévus l’immeuble luxueux « Dôme Impérial », géré par le promoteur immobilier SEGER (le bureau de ventes est situé en face au n°19; l’agence au 2, rue Larmet) et le « Domaine St-Vincent » (entre le n°23 de l’avenue et la rue Chopard) qui est construit et géré par le groupe DE GIORGI (on peut le trouver au 128, rue de Belfort)

Esquiver la répression et/ou y répondre…

Depuis la rentrée 2014, «Infos controles – Ginko Besançon» permet de localiser en temps réel les contrôleurs lorsque l’on se déplace dans les transports. Le seul souci, c’est qu’il faut avoir un portable connecté à internet et un compte facebook, mais si vous en avez un, n’hésitez pas à rejoindre le groupe !

Les contrôleurs sont identifiables de par leurs tenues et se déplacent dans un véhicule blanc de type berlingo floqué du sigle ‘Ginko’. Les reconnaître et les signaler quand ils pointent leurs sales tronches, c’est se donner des armes pour résister !

Les distributeurs de tickets, présents à chaque arrêt de tram, restent vulnérables face à notre imagination… Avec de la colle, de la mousse expansive, de la peinture… Ou toute substance qui pourrait enrayer l’économie de cette entreprise et la contraindre momentanément à la gratuité.

QUI SE TROUVE DERRIERE LA VIDEO-SURVEILLANCE ?

Au-delà des contributeurs les plus visibles à la vidéosurveillance que sont la mairie [1] et ses différents agents (policiers municipaux qui guettent derrière les écrans du centre de supervision, ainsi que les agents de la voirie qui l’installent), d’autres collaborateurs moins connus sont bien présents pour faire fonctionner à merveille ces outils de contrôle et de surveillance.

ChalumeauL’entreprise qui a fournit les caméras à la mairie de Besançon se nomme Sur&tis (suretis.com): créée en octobre 2001 par le flic Eric Chalumeau (commissaire divisionnaire honoraire de la police nationale et auparavant directeur des études et de l’ingénierie de l’institut des hautes études de sécurité intérieure – IHESI devenu INHESI, président actuel; Nicolas Gleizal en est le directeur général). Outre leur sale travail dans la surveillance de l’espace public, elle vient en aide aux bailleurs sociaux pour fliquer les habitants.

En France, elle a deux adresses distinctes et est repérable par son logo:

50, avenue du président WilsonLogo_Suretis2
Bâtiment 141,
BP 10 153
93 214 Saint-Denis La Plaine Cedex
Tél : 01-84-17-38-60
Fax : 01-84-17-68-03

Bureau Sud
17, boulevard Champfleury
84 000 Avignon
Tél : 04-84-51-01-49

cegelecPar ailleurs, l’entreprise qui se charge de la transmission des images vidéo de chaque caméra jusqu’au centre de super-vision centrale est CEGELEC. Filiale du groupe VINCI (facilities), elle est spécialisée dans l’ingénierie technique et fournit des services technologiques aussi bien aux entreprises privées qu’aux collectivités. Présente dans plus de 30 pays (dont l’Allemagne, la Belgique, la Suisse, l’Espagne, l’Autriche, l’Algérie, le Maroc, le Cameroun ou encore le Brésil), elle se présente comme étant « à la pointe des technologies », et s’enrichit en intervenant dans la production d’énergie (Centrales nucléaires, hydrauliques et thermiques, Energies Renouvelables), les transports (publics, routiers, ferroviaires, tunnels, aéroports, portuaires…), les télécommunications, l’information et l’aide à l’exploitation, le traitement de l’eau et des déchets, mais aussi et surtout la sécurité, la Défense et la Marine.

vincienerLe siège international est établi avenue Louise, 489 à Bruxelles en Belgique. En France, le siège social est situé au 10, Avenue du Stade de France à Saint-Denis (93). Mais CEGELEC ne limite pas son implantation aux grandes villes et à leurs périphéries. Elle possède des agences partout en France dans plus de 25 endroits différents, et certainement aussi à côté de chez toi: http://www.cegelec.fr/fr/presentation/nos-implantations/europe/france/france/

En Franche-Comté, elle a des locaux à Etupes (25460) au 685 Rue Armand Japy. Au même titre que l’entreprise SPIE [2], CEGELEC collabore au flicage de la population, se fait des profits en produisant des énergies tout aussi nuisibles et mortifères les unes que les autres, participe à la mise en place des canaux de communication et d’échange nécessaires au fonctionnement quotidien du capitalisme et de l’Etat. Mais ces collabos ne sont pas des entités abstraites: ils se trouvent aux coins de ta rue, avec des véhicules de différentes tailles floqués de leurs logos, des agences et filiales partout sur le territoire…

Note:

[1] Danièle Poissenot, chargée à la « tranquilité publique », a annoncé dernièrement que le dispositif de caméras de surveillance va s’accroître partout dans les années à venir.

[2] ‘SPIE: un collabo tout terrain’ publié dans le journal ‘Lucioles’ n°19:

SMCI Pierre&Vie*: un acteur principal de la gentrification à Besançon:

smci-logoComme il se présente sur son site, SMCI a « le sens des valeurs », et pas n’importe lesquelles….Plus précisément, le groupe immobilier affirme sa « passion pour l’immobilier de prestige » en vendant des logements luxueux – neufs et rénovés, gérant des locations en Bourgogne, à Lyon mais surtout à Besançon. Avec huit projets immobiliers (pour la plupart terminés), SMCI participe fortement à l’embourgeoisement de Besançon et des quartiers jadis populaires.

– La Résidence « Le Clos Chapelaine » (rénovation), construite au 6, rue de la Madeleine dans le quartier Battant, a été dessinée par le cabinet d’architecte Lefranc;

– La Résidence « Doubs Regards » (rénovée), située quai Veil Picard (qui a été entièrement aménagé pour la construction du tramway), propose cinq grands logements de luxe;

– La « Villa Scala »: sept grands logements de luxe sur les hauteurs de Bregille dotés de terrasses avec vue sur la citadelle. Tout est conçu pour les riches, avec portes blindées et vidéophones à l’entrée. L’architecte du projet est Joël Laffly, déjà mis à contribution pour les logements des « Passages Pasteur »**). Ses bureaux sont situés au 24 rue Bersot à Besançon;

– « L’Hôtel Terrier de Santans » (rénovation), situé au 68, Grande Rue, est conçu par le cabinet d’architecte ART&Associés (15, rue Gambetta à Besançon): ce luxueux bâtiment comprend treize logements de 50 à 120 m² environ.

– Le « Cours St-Amour » (neuf), situé 8 rue Proudhon, a également été dessiné par l’architecte Lefranc. Il est équipée de trois petits immeubles proposant 30 logements, du T1bis au T5 avec balcons, terrasses, ascenseurs, stationnements privatifs. Il est actuellement en cours de finition mais allez y jeter un oeil (ou autre chose…).

Par ailleurs, SMCI commercialise aussi dans le secteur tertiaire: « le parc de l’Horloge », conçu par l’architecte Lefranc (encore lui) sur l’ancien site Fralsen-Kelton (Boulevard Kennedy / Rue Albert Thomas) est destiné à accueillir des bureaux d’entreprises des commerces sur près de 38000 mètres carré et 5 Ha de terrain.

Notes:

*Filiale du groupe FJ Investissement (25, rue Proudhon), qui regroupe SMCI / Pierre&Vie (12, rue Gambetta), le site « d’infos » macommune.info, ‘Espace&Sport’ (location de salles de sport)

** Le plus gros projet d’amménagement capitaliste à Besançon de ces dernières années: un centre commercial au rez-de-chaussée, des logements de luxe et des parkings privatifs au sous-sol, construits par l’entreprise Eiffage (et depuis peu c’est l’Agence Vauban qui assure la la gestion des ventes. Laffly a dessiné les appartements avec Michel Morel, qui a ses bureaux au 6C boulevard Diderot à Besançon (tél: 03.81.47.14.24)